N° de coque : P 627

Mis sur cale : 17 juillet 1943

Chantier : Commercial Iron Works - Portland .OR - USA -

Lancement : 21 août 1943

Admis au service actif : 5 juillet 1944 / septembre 1949

Affectations successives :

31 octobre 1949 - Saïgon (fmeo/dneo/7ème flo.)

1er mai 1954 - Saïgon (fmeo/dneo.)

Dernière cérémonie des couleurs : 1954

Condamné le 12 février 1955

Démoli en 1956 à Saïgon

 

April 1945. Source Bob Daly/PC-1181

Bureau of Ships photo. Source Edib Krlicbegovic

 

Le HUE en 1949 à son arrivée en Indochine.

 

HUE à Saïgon ? . Juste à côté de lui, le CG3 dont nous avons vu les mésaventures de 1951 !

Merci à Beranard PERCHEY , ancien du HUE pour l'envoi de ses photos et à René LECHEVALLIER (du PNOM PENH)

qui assure l'interface !...

Bernard Perchey ( détecteur) à son arrivée sur le HUE en 1950, puis sur le JULES VERNES.

 

Jardin public de Saïgon. Bernard PERCHEY avec son frére

Fernand PERCHEY alors SM mécanicien ( à droite), celui-ci

fut PM mécanicien en 1959 sur LE FRINGANT !

A noter que, le LV Guy SPILLIAERT qui fut Cdt en second du HUE en 1953,

fut un des "pachas" du FRINGANT de février 64 à septembre 65.

 

.

 

 

Pour tout savoir sur le fameux canon de 75, cliquer sur la photo

 

Où il est quetion d'un canon de 75...

Après une période de purgatoire au 5ème dépôt des équipages de la Flotte de Toulon (surnommé le 5ème stalag par la plupart de ses pensionnaires!!), mes camarades détecteurs qui avaient comme moi, fait le cours à Porquerolles, nous sommes retrouvés à Marseille. Nous devions embarquer sur le paquebot " La Marseillaise " à destination de Saïgon!!

Ce superbe navire ne mit que dix huit jours pour faire le trajet, et en arrivant au port de commerce, j'ai eu la joie de pouvoir embrasser mon frère aîné, Fernand, qui m'attendait sur le quai! Mon second frère, Jean, était quant à lui à Réam au Cambodge, depuis quelques mois déjà.

Nous étions trois frères et tous les trois dans la Marine en Indochine en même temps ! Tous mes camarades venus en même temps que moi furent dispatchés sur les différents bateaux. Je fus désigné pour le patrouilleur côtier " HUE ", où je suis arrivé vers les trois ou quatre heures de l'après-midi. Ils étaient trois navires, tout blanc, sans armement, pas le moindre petit canon à l'horizon! Le " HUE ", le " LUANG PRABANG " et le " PONM PENH ".

En cinq minutes on avait fait le tour des trois grandes capitales de l'Indochine française. Ils étaient blancs, parce que le plus gros travail des équipages français avait été de les délivrés de la gangue de produits utilisés pour mettre ces navires sous cocon! Ils avaient en suite remis les machines en état de marche. Les machines de ces PC avaient un nom que je n'ai jamais oublié: PAKSMAN-RICARDO. Cela sonnait bien, et moi qui ne connaissait rien à la mécanique, la seule vue de ces machines m'a rassuré!

En ce qui concerne la peinture grise dont ils seront revêtus, il va sans dire que c'était l'équipage au complet qui s'en occupera! Pendant quelques semaines, on ne voyait que des moques de peinture et des pinceaux de toutes tailles dans les mains de " barbouilleurs " suant et transpirant (31 ou 32° aux alentours d midi!).La seule note gaie dans ce tableau étant le " rouge pont ".

Mais la coque me direz vous? Pas de problème, dans l'arsenal, il y a la grande cale de radoub! En fin d'après-midi, les trois PC se retrouvèrent dans ce grand bassin où s'affairaient une armée de coolies qui affalaient des madriers qu'ils maintenaient entre le quai et la coque du bateau, afin d'éviter qu'il se pose de travers sur les tins qui sont au fond de la cale. Bref, nous nous sommes bientôt retrouvés sur un bateau sans eau , prêt à recevoir un grand carénage et une couche supplémentaire de peinture grise !

L'armement allait arrivé pendant ce grand carénage. Les ouvriers de l'arsenal confectionnèrent une barbette pour abriter notre affût de 40 mm, ainsi que des guides pour éviter que le canon ne tire sur la passerelle ou dans la mâture !

En suite à la passerelle, sur le spardeck, furent installées deux mitrailleuses lourdes de 20 mm et deux autres de 13,8 ou 12,7 mm sur l'arrière.

Le plus gros morceau était sur a plage avant, un canon de 76 à mise à feu électrique.

Je ne sais pourquoi, mais le LUANG PRABANG et le PNOM PENH furent équipés dès l'origine de ce fameux canon, alors que le HUE, parent pauvre, hérita un canon de 75 modifié ! Entendez par modifié qu'il n'avait plus les roues qui avaient fait sa gloire en 1914 !

Il était posé sur un affût qui lui permettait de pivoter. Il n'avait qu'un seul tireur en site et en hauteur. Celui-ci avait une œillère qui lui permettait de viser et un immense guidon (genre Harley-Davidson) avec une poignée de frein qu'il fallait serrer pour faire feu.

Notre canonnier était un petit gars qui ne devait pas peser plus de 60 kilos, et de le voir tirer était un vrai bonheur ! Ce canon avait un recul de 70 cm, et il ne fallait pas rester derrière quand le coup partait !

Un jour, le canonnier, désireux de graisser son canon, commençât à dévisser des parties de son arme et bien qu'il suivait les instructions sur un manuel, le canon et la culasse sont tombés d'un seul bloc dans la descente du poste avant ! Il nous a fallut une bonne heure et au moins à huit hommes pour remonter cet engin de malheur !

Et puis un jour, en fin de mission, un télégramme est arrivé, qui nous annonçait que notre canon de 76 à mise à feu électrique nous attendait à l'arsenal. Mais pour faciliter les choses, il fallait vider la soute de ses obus de 75 qui apparemment n'intéressaient plus grand monde !

C'est ainsi que notre 75 qui ne nous avait pas beaucoup servi, est devenu une pièce majeure du navire.

Nous avons longé la côte du sud de la Cochinchine et tiré sur tout ce qui bougeait. L'équipage et probablement les officiers commençaient à en avoir assez d'entendre le son du canon ! mais la soute à munitions se vidait et il nous tardait de rentrer à Saïgon pour recevoir notre superbe canon dont nous avions été privés pendant trois ou quatre mois.

Nous en avions marre et les quinze jours d'escale nous feraient le plus grand bien !…

 

Bernard PERCHEY, détecteur sur le HUE

 

  

Où il est question de quelques piqûres...

 

Une anecdote assez amusante, lors de mon embarquement sur le HUE, j'avais comme tous les marins du monde, une sainte horreur des multiples corvées de peinture !

La perspective de '' griser '' les cinquante et quelques mètres du HUE me faisait frémir. Sur la rivière, en fin de matinée, la température atteignait les 30-35° !

La plupart des marins du bord étaient habitués à l'automne hexagonale et souffraient énormément de la chaleur humide du pays.

Un jour le commandant en second me fit venir dans son bureau, et m'annonça que le petit effectif du navire ne justifiant pas un infirmier à bord, il fallait former un infirmier auxiliaire !

Cette formation était dispensée à L'Unité Marine de Saîgon, et je devrai m'y rendre tous les matins aux aurores pour suivre ces cours.

Assez surpris, je réfléchissais aux avantages et aux inconvénients. Je ne vis que les avantages de passer au travers de la corvée de peinture, les inconvénients se révéleront plus tard !…

C'est ainsi que pendant toutes les semaines de finitions des aménagements du bord, je parcourais les quelques centaines de mètres qui me séparaient de l'infirmerie.

J'appris à faire des pansements, des piqûres sous cutanées intramusculaires… Au bout de quelques semaines, je revenais à bord avec un diplôme d'infirmier auxiliaire ! J'étais heureux, mes camarades un peu moins !Ils se méfiaient d'un ''Toubib'' formé à la va-vite !

Les premières patrouilles commencèrent, et mon job principal étant la détection, je passais pas mal de temps dans le PC radar, un cagibi de 1,50 m de profondeur sur 1,00 m de large, le nez sur les écrans et un seau à côté de ma chaise…car j'avais le mal de mer ! Hé oui, un marin avec le mal de mer c'est normal !

Le seau m'avait été imposé par le commandant, car une nuit de tempête, j'avais ; pour restituer le contenu de mon estomac ; ouvert une porte qui donnait directement sur le pont. Je n'avais pas peur des paquets de mer qui me trempaient ! Par contre la carrée du commandant était juste en dessous de cette porte, et sa chambre se retrouvait inondée ! J'ai reçu une engueulade de première, ainsi que le conseil de me munir d'un seau !

Dieu merci, l'infirmier auxiliaire n'était pas surchargé de travail ! Mais un jour où j'étais de veille à la passerelle, le cuisinier du bord vint me trouver pour l'opérer d'un panaris ! Il souffrait tellement qu'il me dit être capable d'ouvrir lui même son pouce avec un couteau de cuisine si je ne lui faisais pas cette incision !

Je l'amenais à l'infirmerie la mort dans l'âme. Heureusement, l'armoire à pharmacie des PC était pleine depuis l'Amérique et j'avais tout sous la main pour soulager mon patient !

Il reparti la mine réjouie, avec une belle poupée sur le pouce. J'étais fier de moi, mais que j'avais tremblé de rater cette petite opération ! Une autre fois ce fût un second maître timonier qui fit une syncope et je dû lui faire une intramusculaire, en pleine nuit et en pleine tempête !

Un jour à Saïgon, l'infirmerie de l'Unité Marine m'informa que pour un certain nombre de marins du bord, le moment était venu de faire des piqûres de rappel contre le choléra. Lorsque j'annonçais cette nouvelle à mes collègues et que surtout que c'était moi l'opérateur, plus d'un commença à râler !

Mais je réussi à faire ces piqûres sans douleur, au grand soulagement de mes copains !

Bernard PERCHEY, détecteur sur le HUE

 

 

Certains anciens auront peut être croisé un vrai infirmier à Saîgon, mais certainement peu d'entre eux connaissent l'histoire de ce héros de la Marine:

Jean SEGALEN

Il fut le seul pompon rouge à Diên Biên Phu.

Son fils Georges lui consacre un post sur le site "anciens cols bleus et pompons rouges", un conseil, lisez le !

 
Où il est quetion de rats bleus...

Comme je l' ai raconté plus haut , le ''HUE '' est entré dans la cale de radoub pour recevoir l' armement et finir la peinture grise sur la coque !! Le premier soir, j e me retrouvais de garde sur la porte du bassin , avec consigne particulière de bien surveiller la surface de l' eau . " Si tu vois des bulles , ce pourrait être un scaphandre ''Viet '' qui vient poser des charges de dynamite pour faire sauter les portes " Je devais monter la garde de minuit à 3 heures !

Cela faisait à peine 15 jours que j' étais en Indochine et je me retrouvais de garde avec un gros ceinturon sur lequel était accrochés quelques chargeurs pour une mitraillette ''Thomson ''que je portais en bandoulière !! Je passais le plus clair de mon temps à observer la surface de l' eau et le moindre objet qui flottait m' apparaissait comme une grosse bulle de scaphandrier ''Viet '' ! Je peux affirmer que si les nuits sont fraîches sous les tropiques , celle-ci me semblait plutôt chaude !! A un moment donné , je quittais la surface de l' eau et me retournais pour faire quelques pas et je tombais nez à nez avec un individu coiffé d' un bachis (rassurant ?) , mais il avait une barbe de 20 à 30 centimètres , les yeux hagards et il me demandait sur un ton saccadé : '' As tu vu les rats bleus ? '' Je lui répondais que je n' avais rien vu ! Il continuait en me disant que notre pire ennemi était le rat bleu ! qu' il fallait faire très attention car c' était des malins !! Il est resté à me faire la leçon pendant un bon quart d' heure , il exhalait des relents de bière et titubait pas mal en repartant !! Sa venue ne m' avait pas rassuré pour autant , loin de là !!

C' est à ce moment là que j' entendis des pas et distinguais 3 silhouettes qui se dirigeaient vers moi !! C' était la ronde !! Il fallait que je leur demande le mot de passe !! J' armais la mitraillette en engageant une balle dans la culasse ! Le claquement sec ,au lieu de me rassurer m' embrouilla un peu l' esprit , et d' une voix forte je criais :

''Halte là , qui vive ? '' Le Lieutenant de Vaisseau s' arrêta net et me répondit ''Ronde '' . !!! Et voilà que tout à coup , je devins complètement muet , ne me rappelant absolument pas de la suite des formules réglementaires !! Devant mon silence , le Lieutenant de Vaisseau commençait à s' impatienter et au bout de quelques minutes me criait :

''Alors ça vient '' Je lui dis : '' Je ne me souviens plus de la suite !!!'' ''Avance au ralliement '' , je répétais la phrase et il s'avança !! Il s' arrêta 2 mètres de moi , je lui demandais le mot de passe , qu' il me persifla méchamment !!

Il prit un peu plus de retard dans sa ronde car le savon qu' il me passa dura un bon moment !! Vous entendrez parler de moi demain !! Il a dû se calmer dans la nuit , car je n' ai plus entendu parler de cette histoire !! J' ai apprécié l' arrivée du remplaçant , à qui je racontais mon aventure . Il en a bien ri , mais moi pas trop !! Cette histoire est vieille de 60 ans , mais je m' en souviens comme si c' était hier !! J' en ris maintenant , mais j' ai toujours en mémoire la tête du chasseur de ''Rats Bleus '' qui je pense, a été la cause de mon amnésie soudaine !!

Bernard PERCHEY, détecteur sur le HUE

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